La série photographique de Bruno Palisson “A la poursuite de Raymond Depardon” présentée par la revue Chroniques d’Architecture
Retranscription de l’article “Bruno Palisson à la poursuite de Raymond Depardon” réalisé par Chroniques d’architecture
“Bruno Palisson à la poursuite de Raymond Depardon”
Le photographe Bruno Palisson, par ailleurs architecte, se lance en quête du temps et du lieu et, ici à travers l’Errance de Raymond Depardon, en quête de la cohérence de soi dans ce lieu et ce temps.
Alexandre Laumonier pour Raymond Depardon
L’errance terme explicite et vague, est d’ordinaire associée au mouvement et singulièrement à la marche, à l’idée d’égarement, à la perte de soi-même. Pourtant, le problème principal de l’errance n’est rien d’autre que celui du lieu acceptable. L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace intermédiaire. A l’espace intermédiaire, une temporalité intermédiaire, que l’on pourrait qualifier de flottante. Ce temps flottant est le temps du regard sur l’histoire, où l’errant s’interroge sur le passé en même temps qu’il réfléchit sur son futur proche. L’errance n’est ni le voyage, ni la promenade, mais bien : qu’est-ce que je fais là ?
Errance de Raymond Depardon
(…) L’errance n’est pourtant pas liée au sentiment d’être, de rester quelque part, mais elle réside au contraire dans la quête de quelque chose. Cette errance c’est d’avancer, mais ainsi je génère un passé. Il y a cette quête du lieu, cette quête du moi acceptable aussi, il y a une quête de s’accepter. Peut-être ce qui était important dans l’errance, c’est de m’avoir permis de vivre le plus longtemps possible dans le présent. Je trouve souvent des idées en marchant. Je me libère en marchant, je fais des photos, bonnes ou mauvaises, que souvent d’ailleurs je ne peux pas recommencer. Parce que dans le trajet, dans la déambulation, il y a une photo qu’on voit, magnifique, que l’on ne peut pas refaire. L’errant est très conscient, il voit très bien les paysages, les rainures sur les routes, les bornes, la nature… Ce réel pour un photographe est un compagnon, parce qu’un photographe est forcément confronté au réel, l’imaginaire est assez complexe à photographier (en dehors de l’acte de transformation ou art digital). Le propre d’un photographe c’est de trahir le réel. Il faut simplement maîtriser cette trahison et il faut qu’elle soit en cohérence avec soi-même, ne pas se trahir soi-même. (…)
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Ses œuvres régulièrement exposées et publiées, Bruno Palisson est représenté par la Art Trope Gallery.
