LE MAGAZINE RÉPONSE PHOTO PUBLIE LA SÉRIE “RENCONTRES IMPROBABLES” DE RODOLFO FRANCHI
Retranscription de l’article réalisé par Réponse Photo, n° 359 de mai 2023
“Une série de Rodolfo Franchi sous l’œil critique de Julien Bolle & Thibaut Gobet“
Cette série à haute teneur surréaliste a été intitulée Rencontres improbables par son auteur, photographe professionnel spécialisé en natures mortes. Il met ici son savoir-faire au service de son imagination. Julien apprécie, Thibaut reste un peu sur sa faim.
“Cette série qui n’a pas d’autres ambition que de faire sourire m’a été inspirée par un événement de ma vie qui ne prêtait pas à rire. Quand ma mère à dû quitter son pavillon pour aller dans un Ehpad, il m’a fallu vider sa maison, construite par mon arrière-grand-père, de tous ses objets. Certains étaient au même endroit depuis près d’un siècle. Pour la première fois, je les voyais changer de lieu, changer de mains. Était-je triste ? Non, au contraire, une nouvelle vie commençait pour eux. En mettant en scène ces objets dans des postures parfois inconfortables, j’ai imaginé une nouvelle histoire qui, j’en suis sur, ne seras pas leur dernière, car à la différence de nous, simples humains, les objets peuvent avoir de nombreuses vies.”
D’accord : Julien Bolle
Un ballon se frottant à un cactus, des escargots chevauchant une lame de rasoir, un tire-bouchon crucifié : les associations d’objets de Rodolfo Franchi sont à la fois mentales et hautement sensorielles. L’aspect impeccable, presque clinique, de ses compositions permet de faire oublier la mise en scène pour se focaliser sur le message, comme dans les images publicitaires que Rodolfo réalise dans son métier. Sauf qu’ici rien n’est à vendre, le propos est bien plus personnel, surtout quand on connaît l’origine de ces objets. Le photographe semble être allé chercher ces associations étranges au fin fond de son inconscient, dans une démarche propre aux surréalistes – ce qui coûte moins cher qu’une psychanalyse. Contrairement au travail de l’artiste Chema Madoz auquel cette série fait penser, les choses ici bien moins “zen” derrière l’humour menace une violence sous-jacente qui donne à l’ensemble toute sa profondeur.
Pas d’accord : Thibaut Godet
Je me rappelle bien avoir vu l’une des images de la série de Rodolfo représentant deux oursins sur une balance lors de notre concours de noir et blanc avec Lumière Imaging. Si j’avais soutenu cette image à l’époque, mes ardeurs sont retombées en découvrant en série dans son ensemble, ou les associations d’idées me semblent moins réussies. Rien à dire sur la réalisation ni sur le pitch plutôt prometteur de la série, mais je trouve la force de ces images trop inconstante, comme celle à droite avec la lame de rasoir et les escargots. Le résultat est souvent gratuit, injustifié, ou bien les parallèles apparaissent un peu bancals. Selon moi, le travail porte quelques images intéressantes mais mérite d’être poursuivi dans l’idée de trouver plus de sens et plus de relations entre les images. Attention d’ailleurs à l’alternance de formats d’image dans la série, qui n’aide pas à former une unité.
Nota Bene : Rodolfo Franchi a longtemps utilisé son prénom francisé. Pour des raisons personnelles, l’Artiste a décidé d’utiliser Rodolfo Franchi au cours de l’année 2023.