L’Art du Succès
Retranscription de l’article paru dans la revue “Informations Entreprises” n°192.
L’accélération du numérique expose les artistes à des défis inédits, où la professionnalisation devient une condition sine qua non de la réussite. Virginie Tison propose ici une approche unique ! Le but ? Guider les artistes vers une pérennité solide et durable.
Informations Entreprise : Comment l’ère numérique a-t-elle modifié les attentes des collectionneurs vis-à-vis des artistes émergents ?
Virginie Tison (Gérante et Fondatrice de Art Professional School) : L’ère numérique a marqué un tournant majeur dans le marché de l’art comme dans tout marché finalement, bouleversant non seulement les pratiques artistiques, mais aussi les attentes des collectionneurs et des galeristes.
Aujourd’hui, un artiste ne peut plus se contenter de produire des œuvres de qualité ; il doit également adopter une approche entrepreneuriale pour gérer sa carrière. Cette professionnalisation passe par la construction d’une ‘e-réputation’, une présence numérique bien maîtrisée qui reflète non seulement la valeur de son travail, mais aussi sa capacité à communiquer de manière claire et convaincante.
Cette visibilité en ligne est devenue un critère crucial pour les collectionneurs, qui, dans un marché saturé et compétitif, cherchent des artistes capables de gérer leur propre carrière de façon proactive. Un artiste qui sait se promouvoir, qui est actif sur les réseaux sociaux et qui présente son travail de manière professionnelle inspire confiance. Cela rassure les collectionneurs, car ils investissent non seulement dans une œuvre, mais aussi dans la pérennité de l’artiste et sa capacité à maintenir sa présence sur le marché sur le long terme. Concernant les galeries, cela représente un enjeu de taille. Travailler avec des artistes émergents est une tâche complexe qui exige du temps, des ressources et une vision à long terme. La galerie doit être capable de soutenir l’artiste dans cette course de fond qu’est le développement d’une carrière artistique, un parcours semé d’embûches où la persévérance et l’endurance sont les clés du succès.
I.E : Qu’en est-il en pratique ?
Virginie Tison : La professionnalisation d’un artiste repose aujourd’hui sur trois axes essentiels. Le premier est centré sur le travail artistique lui-même. Il s’agit de s’assurer que l’artiste propose des séries cohérentes et structurées. Souvent, cela implique un travail de classification et d’organisation des œuvres. Certains artistes peuvent avoir tendance à vouloir tout montrer, ce qui peut poser problème. Il devient ici important d’établir des stratégies, comprendre les dynamiques de leur atelier, et résoudre d’éventuels problèmes techniques. Ce travail en profondeur sur l’univers artistique est crucial, car il constitue la base sur laquelle tout le reste repose.
Le deuxième axe concerne les textes de présentation de l’artiste et de son travail, un aspect trop souvent négligé. Il ne suffit pas de rédiger une « banale » biographie. Au contraire, il s’agit de raconter une histoire captivante : qui est l’artiste, comment est-il devenu ce qu’il est, et quel est le message qu’il souhaite transmettre à travers son art. Ce texte doit mettre en lumière la singularité de l’artiste, sa valeur ajoutée et son engagement.
Le troisième et dernier axe est donc sa présence numérique. Il faut insister là-dessus. Aujourd’hui, un artiste doit savoir utiliser les réseaux sociaux, gérer un site Internet, et éventuellement publier des newsletters ou tenir un blog. Cependant, il est crucial de ne pas tomber dans le piège de l’influence. L’objectif n’est pas de transformer les artistes en influenceurs, mais de les aider à rester authentiques tout en utilisant ces outils pour communiquer leur travail de manière claire et engageante.
I.E : Comment votre expérience personnelle vous a-t-elle conduite à vous engager dans l’accompagnement des artistes ?
Virginie Tison : En 2008, alors que je vivais entre Paris et New York, j’ai été confrontée à une situation particulière : une amie, une sculptrice de renommée mondiale, avait tout perdu au fil des années. Ses galeries avaient fermé, ses œuvres ne se vendaient plus. Cela m’a ouvert les yeux sur un problème fondamental du marché de l’art : l’absence de suivi à long terme pour les artistes.
À cette époque, je me consacrais entièrement à la peinture. Cependant, cette situation m’a fait prendre conscience qu’un parcours artistique est semé d’embûches, surtout sans un accompagnement constant. J’ai réalisé qu’il ne suffisait pas d’avoir du talent ou de l’énergie à 20 ans. La vraie question était : qu’en sera-t-il à 40 ou 70 ans, quand l’énergie et les outils numériques évolueront ? C’est dans ce contexte que j’ai compris l’importance de mon métier. Mon rôle est de travailler dans l’ombre, d’accompagner les artistes sur le long terme, indépendamment des fluctuations du marché ou des modes. Le but n’est pas de capitaliser sur leur succès momentané, mais de garantir une pérennité et une stabilité pour les collectionneurs. Il s’agit de faire un travail de fond, loin des projecteurs, pour que l’artiste puisse se concentrer sur son art.
I.E : Quels conseils donneriez-vous à un futur artiste qui souhaite se lancer ?
Virginie Tison : Se professionnaliser est une étape cruciale pour éviter de brûler ses chances trop rapidement. Si un artiste rencontre des difficultés techniques, ne sait pas comment structurer ses séries, ou est incertain sur l’utilisation des réseaux sociaux, il doit se concentrer sur sa professionnalisation. Cette démarche de professionnalisation permet à l’artiste de se poser les bonnes questions : est-ce que son travail est à la hauteur de son investissement ? Être artiste, c’est un véritable métier qui demande un engagement total. En effet, créer est une nécessité vitale pour un artiste, une obligation qui coule dans ses veines. Mon rôle est de les accompagner dans ce parcours, que ce soit au démarrage ou au fil de leur carrière pour répondre à leurs besoins, compenser leurs manques de temps et/ou augmenter leurs compétences professionnelles. La question clé est : l’artiste est-il prêt à suivre des conseils et à collaborer pour faire avancer sa carrière avec stratégies ? C’est une implication profonde qui touche aussi bien l’artiste lui-même que ses collectionneurs et bien entendu les galeries représentant son travail.
I.E : Quels sont les principaux objectifs de votre nouvelle offre de formations ?
Virginie Tison : En plus des coachings à la carte, je propose mon assistance pour tout Artiste ayant besoin de professionnaliser la promotion d’une future exposition. J’anime également une Master Class tous les trimestres proposant un programme d’accompagnement sur 12 mois, axé sur la professionnalisation des artistes. Je réunis après plusieurs entretiens téléphoniques un groupe d’artistes pour les aider à structurer et à développer leur carrière de manière durable et efficace. Cette initiative est maintenant renforcée par le lancement de mon centre de formations, certifié Qualiopi.
Depuis l’âge de 25 ans, j’ai monté et géré plusieurs entreprises, je suis également actionnaire dans certaines d’entre elles. Cette expérience entrepreneuriale m’a convaincue de l’importance de former non seulement les artistes, mais aussi les entrepreneurs et les dirigeants d’entreprises. Art Professional School propose des formations axées sur la communication dont l’objectif est de rendre opérationnels les apprenants en quelques jours et de monter en compétences.
Encore une fois, mon approche ne vise pas à transformer les participants en influenceurs, mais plutôt à les rendre extrêmement compétents et pertinents dans leur secteur d’activités. Il s’agit de formations orientées vers le professionnalisme et l’excellence pour prospérer dans leur marché de plus en plus compétitif.